RDC : l’Équateur au cœur d’une crise fluviale meurtrière

Depuis le début de l’année 2025, les eaux de la République Démocratique du Congo se transforment en véritables cimetières. Plus de 700 personnes ont déjà péri dans une succession de naufrages meurtriers, frappant particulièrement la province de l’Équateur. Le dernier drame en date, survenu dans la nuit du 10 au 11 septembre à Basankusu, a englouti une embarcation motorisée surchargée de 86 passagers, dont une majorité d’élèves. Seules huit personnes ont survécu, secourues de justesse par des riverains.

Ce naufrage tragique n’est malheureusement pas un cas isolé. Le 11 mars, sur la rivière Kwa (Mai-Ndombe), plus de dix personnes ont trouvé la mort. Le 18 avril, un incendie survenu sur le fleuve Congo a tué au moins 143 passagers. Le 11 juin, le lac Tumba a été le théâtre d’une autre catastrophe, avec 48 morts confirmés et une centaine de disparus. Le 12 juin, un chavirement dans l’Équateur a coûté la vie à une trentaine d’élèves. Fin juin, une baleinière surchargée a encore causé des dizaines de disparus, avant que le lac Kivu ne s’ajoute à la liste, le 19 juillet, avec 8 morts.

Face à cette hécatombe, l’Association pour la Justice et le Développement des Droits Humains (AJDDH) a adressé une correspondance au Vice-Premier Ministre en charge du Transport, dénonçant la répétition de ces tragédies évitables. L’organisation pointe du doigt des causes bien connues : navigation nocturne malgré son interdiction légale, surcharge des embarcations de fortune, faible contrôle des services de navigation et conditions météorologiques imprévisibles auxquelles ces pirogues motorisées ne sont pas adaptées.

« Chaque vie compte, chaque drame évitable doit l’être »,  insiste l’AJDDH,

appelant ainsi à un sursaut immédiat. À court terme, elle exhorte les autorités à faire appliquer strictement les lois existantes, en particulier l’interdiction de la navigation nocturne. À moyen et long terme, elle recommande la mise en place d’une politique fluviale structurée, capable de sécuriser durablement les voies navigables et de protéger les millions de Congolais qui dépendent quotidiennement de ces moyens de transport.

Dans un pays où une large partie du territoire reste enclavée et où les fleuves, rivières et lacs constituent les seules routes accessibles, ces naufrages récurrents témoignent d’un désintérêt institutionnel qui coûte chaque année des centaines de vies. L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action.

 

agnelle Mola